Les Légendaires
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Création: Reflet

3 participants

Aller en bas

Création: Reflet Empty Création: Reflet

Message  Chantelune Sam 20 Fév 2010 - 3:41

Bon, ça c'était mon «projet long» de dix pages sur Word, genre 3500-4000 mots, dans mon cours de Production littéraire.

Quelle serait votre réaction si vous souffliez sur la flamme d’une bougie, mais que celle-ci ne semblait en aucun cas s’en formaliser? «C’est de la magie!» vous écrieriez-vous, et bien soit, qu’en vous-même la/ magie puisse exister, c’est selon; qu’elle puisse exister et être sœur de la science, alors là!? Les phénomènes surnaturels ne sont pas là pour être expliqués par une damnée foi qui se nomme la science, mais plutôt afin d’embellir une réalité pauvre en sucre.

Notre vie, si nous pouvons la qualifier ainsi, est un lot de surprises délectables au goût : parfois sucré et par d’autres moments suaves. En ces lignes est couchée notre histoire et repose notre passé tumultueux, parfois trop sombre pour être raconté de vive voix.

Afin que vous ayez une meilleure compréhension, ci suit une brève description de nos personnes. Rym est ma sœur jumelle, ma sœur d’esprit, elle a un cheveu sombre et un visage pâlot. De mon côté – Ryo – une différence est clairement apparente et celle-ci se définie par ma chevelure blonde et mon teint de pêche. Ce sont les seules différences qui font hésiter les gens un court instant quant à la véracité de notre statut de jumelles identiques. Mes paroles ici écrites sont celles de nos esprits conjugués et de l’entité qui nous habite, vous aurez plus de précision quant à cette entité mystérieuse.


Il y a de cela une vingtaine d’années humaines, notre famille s’est installée dans un village isolé par de hautes montagnes. Leur art était la confection de miroirs et c’est en s’imposant comme miroitiers de fantaisie qu’ils réussirent à créer un véritable domaine enchanté à la lisière des bois et près de l’unique rivière débouchant sur un petit lac, source de pêche du village. «Le domaine aux milles reflets», c’était le nom attribué à la demeure de mes parents. Cinq ans après leur venue en ces lieux qui n’existent plus désormais, nous sommes toutes deux nées. Nous n’étions pas leurs premiers enfants et nous précédaient un frère et une sœur. A notre arrivée en ce monde, notre sang était pur et nos esprits encore innocents.

La période précédant nos quatre années humaines fut prospère pour la famille qui nous dénomma Rym et Ryo, prénoms provenant d’un jeu de mot tiré de «miroir» (imaginatifs étaient nos parents n’est-ce pas). Bref, au cours d’une journée pluvieuse où nos parents étaient partis marchander des miroirs à l’église, nous gambadions dans les couloirs de notre immense demeure devenue après bien des années un véritable manoir. Nous ne connaissions pas l’origine des activités de notre frère et de notre grande sœur, mais nous n’allions pas tarder à le découvrir en cette journée grise.

Alors que notre curiosité nous poussait à monter les escaliers menant au second étage où se tenait l’atelier des miroirs, cette dernière nous a poussées à explorer ce domaine aux milles reflets que nos parents nous interdisaient l’accès, puisque apparemment nous n’étions pas assez délicates. Une lueur blafarde émanait d’une pièce entrebâillée, au fin fond du labyrinthe d’outils, de miroirs et de poussière de verre. Une douzaine de bougies placées soigneusement sur un cercle aux pictogrammes lunaires et solaires illuminaient la pièce vide. Un seul objet imposait sa présence au centre du cercle dessiné sur un plancher aux reflets de verre : un miroir où ne dansait aucune image, ni même la lueur des bougies, pas même nos visages curieux.

Ce que nous ne savions pas à cet instant précis où nos pieds avaient franchis le cercle et que nos mains avaient toutes quatre prises le miroir avec un sourire enchanté, c’était que notre vie humaine était maintenant achevée. Dès lors, une magie s’était opérée en nous, un sortilège de possession qui ne nous était pas destiné. Ce court instant dans notre vie fut brutalement interrompu par la venue de notre frère et de notre sœur dans la pièce.

La profondeur de notre regard n’était plus la même aux yeux de ces derniers qui reculèrent imperceptiblement, bouche bées. Innocemment, nous leurs sourirent avec la même moue que lorsque nous pensions avoir commis une bêtise et nous nous précipitèrent hors de la pièce. Ils nous bloquèrent le chemin et leurs regards à demi effrayés nous scrutaient. Ils parlaient à voix hautes et semblaient presque sur le bord de la panique lorsqu’ils nous emmenèrent à l’extérieur de la demeure familiale. Leurs pas se pressaient alors qu’ils nous traînaient vers la lisière des bois avec un sourire qu’à notre âge nous ne pouvions déchiffrer.

Là où nous en sommes présentement dans notre vie, nous ne pouvons que regretter la suite des événements, cependant nous sommes compréhensives quant à ce qui poussa notre propre famille à ce qui suit. Nous en étions au moment où notre frère et notre sœur nous emmenaient vers les bois. A cet instant, la magie ancestrale qui s’était nichée en notre être n’était que dans un sommeil agité, lequel ne tarderait pas à s’éveillée. Arrivés à la lisière des bois, nos aînés croisèrent une dernière fois nos regards et nous pénétrâmes ensuite en un endroit qui nous était tout autant interdit que le second étage du manoir. Il faisait froid et la pluie qui ruisselait contre nos robes collées à notre peau n’en gênait que nos mouvements. Tout près d’où nous nous tenions résonnait déjà le bruit que faisaient les vagues qui se fracassait contre le quai et la frêle coque de noix qui se méritait à peine le titre de chaloupe. Sans ménagement et certainement par crainte, nous fûmes délaissées dans cette chaloupe par notre frère, car notre sœur était en sanglot sur la rive, dos à nos visages où combattait appréhension et désarroi. Pour ce qui est du reste, le courant s’en chargea et nous fûmes bientôt si loin sur la rivière déchaînée que déjà la faible lumière du village s’éteignait.

Nous baignions dans un banc d’algues lorsqu’un bandit quelconque, qui faisait son chemin, nous arracha aux forces de la nature. Bientôt approchait notre éveil véritable, alors que nos corps frêles reposaient auprès d’un feu où un groupe de brigands s’était déjà chargé de nous dépouiller du peu de valeur qui pouvait consister en nos vêtements et les quelques bagues et ornements de nos chevelures. Sous la lueur de la lune, un des malfrats s’infiltra sous la tente où nous étions désormais tenues prisonnières en attendant je ne sais quelque magouille de ses comparses. Nos paupières lourdes se levèrent lorsque ses mains osèrent se faufiler sous notre légère tunique de soie.

Une aussi brève incursion dans le sanctuaire sacré qu’était notre proximité fraternelle suffit à tout enclencher. Projeté hors de la tente, l’intrus gisait déjà dans l’herbe qui se colorait peu à peu d’une teinte écarlate. Un vent s’était engouffré entre les arbres qui se balançaient comme des tiges de bambou. L’entité s’était éveillée et prenait peu à peu conscience de ses nouveaux hôtes, cependant elle ne prit pas contrôle de nos corps, mais nous susurra comme le faisait notre mère, une marche à suivre si nous voulions nous en sortir vivantes. Nos doigts se lièrent et nos pensées en firent autant. Ne faisant qu’une avec l’autre, nous ne décrirons ici pas le carnage qui s’en suivit, digne d’un cauchemar peint en rouge et d’une mélodie aux stries douloureuses.

La voix résonnait en nous comme si elle était dorénavant aussi normale que l’air que nous respirions. Nous fûmes expliqués les changements physiques mais imperceptibles qui se dérouleraient en nous. Non seulement notre physionomie allait changer faisant de nos corps d’enfants des entités sous formes présentement humaines un phénomène surnaturel qui évoluerait au fil des décennies, mais notre esprit devenait dès à présent un réceptacle pour le savoir de l’entité qui nous habitait. Pour faire court, nos vieillirions psychiquement alors que notre enveloppe corporelle évoluerait lentement au cours des prochaines décennies. Ce faisant, un avenir au nombre indéfini d’années s’était ancré en nous. Apparemment, nous étions désormais les hôtes d’une entité non pas bienfaisante ni maléfique, sinon une entité dont le seul but résidait en la passation d’un savoir depuis bien longtemps oublié : les arcanes rouges. «Le sang par le sang» disent-ils, et bien la source de ces arcanes rouge est ce nectar sacré de la vie qui coule dans nos veines. Arme à double tranchant, les sortilèges puisent leur énergie au sein de notre fluide vital, mais ironie du sort : nous sommes désormais vouées à vampiriser le temps.

Nous vivions depuis une dizaine d’années au sein d’une communauté de sorcières oubliées, au cœur d’une forêt de pins, lorsque la rumeur se fit entendre parmi les plus jeunes d’entre elles qu’un endroit existait où la magie pouvait se permettre d’y être acceptée. Non seulement, le murmure se fit clameur et bientôt des sorcières revinrent d’un long voyage d’investigation, mais la légende se révélait être un fait véritable. Bon nombre des cadettes de la communauté qui n’avait pas vraiment de point fixe s’étaient donc lancées dans cette expédition qui ne les ramena jamais au sein du Cercle des pinèdes.

Ce lieu était notre principal point d’ancrage, et si la seule pensée d’en quitter la berge et de naviguer à flots perdus existait, elle n’était apparue que par de rares moments de désuétude. Rien au monde sinon la curiosité ne nous amènerait à quitter nos mères et nos sœurs. Comme dans les contes de fée, notre nouvelle famille nous avait recueillie dans un orphelinat à l’abandon, au creux d’une vieille bourgade sinistre. Notre voix intérieure nous y avait conduite, comme le destin tend la main au hasard, et c’est en évaluant nos compétences qu’une vieille femme au visage d’enfant nous avait ensuite prises sous son aile. Le Cercle des pinèdes se trouve à être reclus au fin fond des bois, passé la toundra givrée et les monts ensoleillés. Isolées dans un cocon de sérénité, la communauté nous a ouvert grand les bras, nous permettant ainsi d’assouvir notre curiosité sur ce bas monde, plein de richesses. Les femmes qui y vivent se distinguent en trois groupes distincts : les sorcières, les dryades et les wiccas.

Chaque branche comporte ses caractéristiques propres, malgré le métissage et l’évolution constante qui les apparentaient. La première étant la caste des sorcières, nous en faisons partie d’une certaine mesure, seulement par appellation. Les arcanes blanches sont les sortilèges bénéfiques et aux propriétés de guérison. Les arcanes noires quant à elles apparaissent comme étant plutôt maléfique, mais n’allant pas jusqu’aux rituels sanglants que les hommes racontent autour d’un bon feu. Notre arcane, elle, évoque plutôt un bain de sang allant du baiser mortel au filtre d’amour et du carnage animal à la détente spirituelle. Ensuite viennent les dryades, êtres mi-femmes mi-élémentaires, qui vivent de la nature même de notre univers. Certaines manipulent le temps, d’autres les éléments primordiaux, tels que l’air, l’eau, le feu et la terre. Se subdivisent ensuite les dryades de lumière, de ténèbres, du son et enfin de l’éther, lesquelles sont assez rares. Finalement se distinguent les zélées de la communauté, mais ô combien indispensables, les wiccas. Filles de l’Homme, ces disciples de la lune et du soleil se réunissent en grand nombre à chacune des saisons, autour d’une grande pierre de jaspe et ce, dans leur plus simple vêtement. C’est d’ailleurs la plus lucide d’entre elles qui avait annoncée par le biais des étoiles, qu’au cours du voyage de la mère matriarche, notre venue en cette communauté deviendrait une réelle bénédiction.

Les aînées qui savaient déjà l’heure de leur mort s’éteignaient peu à peu, alors que les années défilaient. Hors du temps, nous voyions des visages tendres nous sourire au travers de cercueil de verres, alors que leurs paupières se fermaient à jamais. Il ne restait bientôt plus qu’une poignée de sorcières et quelques wiccas alors que notre décision fut prise de lever les voiles vers un nouvel oasis.

Entre notre arrivée et notre départ du Cercle des pinèdes, l’entité qui partageait sainement nos vies s’endormie parfois pendant des saisons entières avant de revenir livrer son bagage de connaissances. Celle-ci l’est encore une fois, alors que nous cheminons vers cette hypothétique communauté répondant au nom de Carin, ou quelque chose comme ça. Parfois au cours de notre long voyage, le reflet – c’est ainsi que nous en sommes venues à la nommée – nous susurre un conseil ou la voie à suivre en cas de problème…

Ce fut après des lunes où, la plume de corbeau que je tiens entre mes doigts pleins d’assurance, que celle-ci vint verser ses larmes noires sur ces pages. Telle une pieuvre en pleurs, nos pensées se déversent à nouveau, malgré les décennies passées. Je ne saurais par où commencer, sinon par le début de la fin de notre périple. Nul n’est à plaindre, mais la tâche fut tout de même éreintante. A notre arrivée en ces lieux, le sanctuaire de Cairn, nos pouvoirs et notre intégrité furent mis à rude épreuve. C’est que notre venue se jouait des astres et que les changements que cela apporta au sein de ce lieu mystique furent assez conséquents. La recherche de nos comparses prit une toute autre direction, puisque celles-ci s’en étaient allées, laissant derrière elles une traînée de souvenirs.
. . .

En effet, un siècle s’est écoulé et nous sommes toujours en poste comme directrices des lieux. Non que cela puisse être en lien avec un quelconque système d’éducation, mais Cairn est un refuge pour les êtres dotés de particularités hors normes. Or donc, lorsque notre arrivée fracassante bouleversa la vie des gens qui y habitaient, mesures drastiques furent prises et nous dûmes lutter pour nos droits. Nous étions autant, Ryo et moi, intéressées par eux qu’eux par nos existences. Réciproquement, chacun étudiait l’autre et ce sur une longue période. Le maître des lieux répondant au nom d’Astarthé, un être céleste descendu en ce bas monde en tant que sentinelle, fini par être appelé à d’autres tâches toutes aussi importantes que la garde de notre monde.

Puisque nos connaissances équivalaient aux siennes, nous fûmes appelées à lui succéder. C’est ainsi que notre potentiel se décupla au cours du siècle dernier et que notre supposée quête existentielle toucha à son but, enfin presque. Notre physionomie en changea de sorte que nous n’avons non pas seulement grandi, mais aussi avons-nous prises un teint plus coloré. Chacun de nos pas nous paraît comme la plus légère brise et notre corps est cette plume qui danse avec le vent. Nos yeux ont empruntés les pastels d’un artiste peintre et notre voix a volée le cœur des anges.

C’est ainsi que s’achève notre journal, bien des choses sont encore à exprimer mais elles ne sauraient que se retrouver dans ce manuscrit que lorsque nous le relirons un jour, nous en aurons chaud au cœur. Différents grimoires de nos mains se retrouvent dorénavant au sein de la bibliothèque du sanctuaire de Cairn, espérons simplement que nos connaissances pourront un jour servir à bon escient.
Chantelune
Chantelune
Larve
Larve

Messages : 48
Date d'inscription : 27/12/2009
Age : 33

Revenir en haut Aller en bas

Création: Reflet Empty Re: Création: Reflet

Message  Yoru Mar 2 Mar 2010 - 20:21

Désolée de tapoter ces quelques phrases sur ce majestueux sujet .

J'aurais juste voulu savoir une chose, aurais-tu déjà écrit les mémoires de ta sacrieuse ?? Cette histoire est vraiment extraordinaire ! Même après plusieurs relectures, je ne m’en lasse pas !!
J’adore ta façon d’écrire, d’ailleurs ça m’étonne que personne n’ait complimenté ton oeuvre .
Rhaa !! Que d’honneurs d’avoir pour marraine une telle virtuose de la plume !

J’espère pouvoir te lire bientôt !
Yoru
Yoru
Larve
Larve

Messages : 7
Date d'inscription : 23/02/2010
Age : 31

Revenir en haut Aller en bas

Création: Reflet Empty Re: Création: Reflet

Message  Chantelune Mar 2 Mar 2010 - 20:28

Et bien merci Yoru, c'est aussi que mon texte semble long et pénible à lire, je n'en veux à quiconque de peiner à sa lecture^^'.
Chantelune
Chantelune
Larve
Larve

Messages : 48
Date d'inscription : 27/12/2009
Age : 33

Revenir en haut Aller en bas

Création: Reflet Empty Re: Création: Reflet

Message  Yoru Mar 2 Mar 2010 - 20:41

Je ne suis pas d'accord avec toi .
Plus c'est long, mieux c'est ! Et puis un texte aussi bien écrit n'est en auncun cas désagréable à lire !


Concernant la question de base, dois-je considèrer que la réponse est non ou...?
Yoru
Yoru
Larve
Larve

Messages : 7
Date d'inscription : 23/02/2010
Age : 31

Revenir en haut Aller en bas

Création: Reflet Empty Re: Création: Reflet

Message  Chantelune Jeu 4 Mar 2010 - 0:28

Non, je n'ai pas écrit les mémoires de Chantelune, cependant j'ai déjà écrit sur Allegraccia.
Chantelune
Chantelune
Larve
Larve

Messages : 48
Date d'inscription : 27/12/2009
Age : 33

Revenir en haut Aller en bas

Création: Reflet Empty Re: Création: Reflet

Message  Yoru Jeu 4 Mar 2010 - 0:52

Serait-ce possible que tu la mette sur le fofo ?? *_*
J'ai hat de lire cette histoire !!! >.<"""""
Yoru
Yoru
Larve
Larve

Messages : 7
Date d'inscription : 23/02/2010
Age : 31

Revenir en haut Aller en bas

Création: Reflet Empty la suite

Message  mhyst Jeu 5 Aoû 2010 - 14:23

j'ai hate que c'est deux entités réouvre leur journal et le compléte...
belle histoire et cette façon d'écrire est trés intéréssante .
mais j'avou que je reste un peu sur ma fin au bout de se texte trés emballent; j'étais vraiment plongée dedans^^
mhyst
mhyst
Chasseur de Kanigrou
Chasseur de Kanigrou

Messages : 248
Date d'inscription : 12/04/2010
Age : 35

Revenir en haut Aller en bas

Création: Reflet Empty Re: Création: Reflet

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum